Bordeaux



La ville est connue dans le monde entier pour son vignoble depuis le XVIIIe siècle. Capitale de l’ancienne Guyenne (le nord de l’Aquitaine actuelle), située en bordure des Landes de Gascogne, Bordeaux fait partie de la Gascogne. Une partie de la ville, le Port de la Lune, est classée depuis juin 2007 au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco pour l’ensemble urbain exceptionnel qu’il représente.




La signification primitive de Burdigala devait être «crique ou abri dans les marais». Au Moyen-âge, Burdigala évolue en Burdegale. Les premières formes gasconnes sont Bordeu et Bordel, au XIXe siècle. La forme française de Bordeaux provient de l’ancien pluriel de Bordel (en langue d’oïl, petite cabane) qui donne au XVIIIe siècle Bourdeaux puis Bordeaux.




La fondation de Bordeaux remonte au moins au Ve siècle avant J.C. La naissance de Bordeaux n’est pas liée aux qualités du site, car, ville d’embouchure située sur une avancée du plateau landais, elle fut longtemps cernée de marais pestilentiels. En 52 av. J.C, Bordeaux accueillit le premier urbanisme romain. Le cardo et le decumanus (aujourd’hui rue Sainte-Catherine et cours de l’Intendance) furent tracés, et l’on construisit des aqueducs, des temples, un amphithéâtre et une curie. Bordeaux était à l’époque un emporium, c’est-à-dire un comptoir de commerce, contrôlant les routes de l’étain et du plomb entre les ports gaulois de la Loire. Elle était érigée encivitas administrée par un collège de magistrats. En 28 av. J.C., la ville était l’une des quatorze cités de la Gaule aquitaine. En 48, elle acquit le statut prestigieux de municipe de droit latin.Burdigala se développa et finit par devenir une des villes les plus opulentes de la Gaule. Entre 40 et 60, les premiers plants de vigne à l’origine du vignoble bordelais furent implantés sur les coteaux nords de la rive gauche. En 70, elle fut déclarée par l’empereur Vespasien capitale administrative de la province romaine d’Aquitaine. Un castrum fut construit en 286. Il s’agissait d’une enceinte de 740 m sur 480, dont les murs étaient hauts de 10 m et larges de 5 m. On reconstruisit également le port intérieur. La ville continua à briller pendant près d’un siècle, grâce au commerce de suif, de cire, de poix et de papyrus. Elle s’illustra par ses saints (saint Paulin de Nole, 353-431).




Au IVe siècle, la ville fut christianisée par saint Hilaire et saint Martin. Elle devint la métropole de l’Aquitaine Seconde (370-508) et connut les premières hérésies (priscillianisme). Cette période de prospérité de Burdigala fut interrompue par différentes invasions. À la fin du IXe siècle, la ville fut pillée par les Normands. Charlemagne en fit la capitale du royaume d’Aquitaine Il fallut attendre le XIIe siècle pour que Bordeaux retrouve sa splendeur. En effet, après le mariage d’Aliénor d’Aquitaine, ancienne épouse de Louis VII, avec Henri II Plantagenêt en 1154, la ville devint anglaise et le resta pendant trois siècles, tout comme l’Aquitaine qui, prononcée à l’anglaise, devint la Guyenne. Au cours du XIIIe siècle; Bordeaux devint prospère grâce au commerce du vin avec l’Angleterre. Le roi Louis XI rendit ses libertés à la ville en lui donnant un Parlement. 

Le début de la période moderne coïncide pour la ville de Bordeaux au basculement de la domination anglaise vers la domination française (1453). La ville fut touchée par les guerres de religion, les protestants en furent chassés. En 1585, Montaigne fut élu maire de Bordeaux. La ville s’apaisa et trouva une nouvelle source de profit dans le commerce. Bordeaux connut sa seconde apogée du milieu du XVIIe siècle jusqu’à 

la Révolution française grâce à son port, qui devint le premier port du royaume. La ville faisait le commerce du vin, du sucre colonial et des esclaves. La ville devint l’une des capitales européennes des Lumières, dont Montesquieu est le précurseur. Bordeaux se rallia ensuite à la Révolution et devint le chef-lieu de la Gironde en 1790. (Un groupe politique, la Gironde, se forma). La loi du 27 mars 1848 abolit définitivement l’esclavage. En 1852, la ligne entre Bordeaux et Angoulême fut ouverte et permit de relier Bordeaux à Paris. 

Bordeaux est de nos jours un nœud ferroviaire important entre Paris et l’Espagne. La gare principale de Bordeaux (gare Saint-Jean) est desservie par de nombreux TGV, et permet de relier Bordeaux à Paris-Montparnasse, Toulouse, Irún, Dax, à Hendaye, à Pau.

Bordeaux est classée Ville d’Art et d’Histoire. Le secteur sauvegardé est un des plus vastes de France (150 ha). La ville a été classée le 28 juin 2007 sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco en tant qu’ensemble urbain exceptionnel. C’est la ville française qui abrite le plus grand nombre de monuments classés après Paris.




A VOIR
Grand port
La ville de Bordeaux a une activité portuaire importante. En effet, le Grand port maritime de Bordeaux accueille chaque année 1 600 navires. C’est aussi la deuxième escale de croisière française de la façade atlantique. Chaque année, une vingtaine de paquebots jettent l’ancre en plein centre ville, face à la Bourse maritime.

Pont de Pierre
Il relie la rive gauche au quartier de la Bastide. Premier pont sur la Garonne, il fut construit sur ordre de Napoléon Ier entre 1810 et 1822. Il compte dix-sept arches (nombre de lettres dans le nom de Napoléon Bonaparte). Sur les côtés, chaque pile de briques est rehaussée d’un médaillon blanc en l’honneur de l’empereur.

Un peu d’histoire...
En 380, l’empereur Théodose Ier le Grand publia l’édit de Thessalonique, qui faisait de la religion chrétienne la religion officielle de l’Empire Romain. Nombreux étaient ceux qui ne suivaient pas les préceptes de l’Eglise officielle et interprétaient librement la religion chrétienne. A cette époque, Ausone et Paulin s’accordaient pour condamner les hérésies, et notamment celle de Priscillien, devenu évêque d’Avila après avoir reçu son enseignement à Bordeaux. Il prônait un évangile de virginité et d’abstinence. Son message rencontrait une certaine écoute, mais il fut excommunié en 380 par le Concile de Saragosse. Lorsqu’il voulut se rendre à Bordeaux pour prêcher sa bonne parole, Delphin, évêque de Bordeaux, soutenu par Paulin et Ausone, le lui interdit. Priscillien vint quand même, il fut arrêté, jugé par un concile présidé par Delphin et proscrit du diocèse de Bordeaux. Mais Priscillien voulait répandre son enseignement à Bordeaux. Il se rendit à Trèves pour se plaindre auprès de l’empereur. En 383, un Concile fut réuni dans cette ville. Les évêques se montrèrent hostiles aux convictions de Priscillien qui fut torturé, condamné à mort et décapité avec ses quatre disciples. Ce furent les premiers hérétiques exécutés par l’Eglise. Delphin et saint Martin s’étaient opposés au jugement rendu à Trêves, mais ils étaient minoritaires.

Saint Delphin est le premier évêque de Bordeaux attesté avec certitude. Son épiscopat correspondit à une christianisation étendue du diocèse de Bordeaux et une affirmation de la doctrine catholique. II présida le Concile de Bordeaux de 384, au cours duquel participa Martin, évêque de Tours, et où furent réglées des questions de théologie et de discipline. C’est lui qui baptisa Paulin de Bordeaux, devenu par la suite évêque de Nole. Sa réputation dépassa largement les limites de son diocèse. II fut le défenseur de la foi catholique durant la crise arienne, et correspondit régulièrement avec saint Ambroise de Milan. Nous le connaissons par la chronique de Sulpice Sévère, les lettres de Paulin, un billet d’Ambroise, la chronique de Prosper d’Aquitaine. Dès 404, il était considéré comme l’un des saints protecteurs de Bordeaux et de l’Aquitaine.




Bordeaux et la patrimoine martinien
Au VIe siècle, Grégoire de Tours mentionnait l’existence d’une Basilique Saint-Martin, bâtie par l’évêque saint Léonce, dont on a longtemps ignoré l’emplacement. Les fouilles pratiquées à Bordeaux ont permis de l’identifier avec l’église Saint Martin du Mont Judec ou Judaïque, connue sous ce nom durant tout le Moyen âge, et située dans l’ancien quartier des Juifs, à l’endroit où se trouve actuellement un des réservoirs d’eau de la ville (rue Mériadeck).

Grégoire de Tours raconte qu’un prêtre, voulant aller, un jour, implorer sa guérison à la basilique, fut accosté, au moment d’y entrer, par un juif qui chercha à l’en détourner eu lui disant qu’un mort ne pouvait soulager les vivants. Ce juif était sans doute médecin, et le ghetto bordelais devait occuper dès cette époque les alentours de l’église Saint-Martin. Le département de la Gironde est particulièrement riche en sanctuaires du même nom, la plupart érigés à une date très reculée. Leur origine est liée aux missions entreprises dans ces parages par l’évêque de Tours et ses disciples, notamment saint Romain de Blaye.